Lors de nos formations dispensées au sujet de la sécurité des SI, nous évoquons souvent l’histoire des chats parachutés de Bornéo. Un bon moment passé avec les participants, que nous souhaitions partager avec vous dans cet article.
De la sécurité et des chats ??
Quoi de mieux qu’un animal aussi mignon pour faciliter la compréhension d’un concept particulier en sécurité ?
En réalité, le parachutage des chats n’est que la fin de l’histoire (véridique) d’une erreur de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), utilisée aujourd’hui comme exemple concret de l’importance de prendre du recul avant une prise de décision importante.
Un problème de santé publique
Tout commence dans les années 1950, sur l’île de Bornéo, où les communautés locales étaient confrontées à un défi de santé publique majeur : le paludisme. Cette maladie, transmise par les piqûres de moustiques infectés, constituait une menace sérieuse pour la santé des habitants, entraînant maladie et mortalité à grande échelle. Dans le but de sauver des vies et d’améliorer la qualité de vie sur l’île, l’OMS a été sollicitée pour mettre en place une campagne d’éradication du paludisme.
La stratégie choisie par l’OMS reposait sur l’utilisation du DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane), un insecticide puissant reconnu pour son efficacité contre les moustiques. Le DDT était pulvérisé dans les zones habitées de l’île, ainsi que dans les zones marécageuses où les moustiques étaient susceptibles de se reproduire. Sur le moment, l’utilisation du DDT semblait être une solution miracle. Les populations de moustiques ont effectivement diminué de manière significative, entraînant une réduction notable des cas de paludisme.
L’effet domino
Cependant, ce que l’OMS et les habitants n’avaient pas anticipé, c’était l’impact écologique plus large de l’utilisation massive du DDT. Bien que conçu pour cibler les moustiques, le DDT ne s’est bien sûr pas limité à cet objectif. En tant que pesticide à large spectre, il a également affecté d’autres formes de vie, entraînant des perturbations dans tout l’écosystème de l’île.
Le DDT s’est infiltré dans la chaîne alimentaire, affectant non seulement les insectes non ciblés par la campagne, mais aussi les espèces qui dépendaient de ces insectes pour se nourrir.
Les habitants de Bornéo ont d’abord été impactés d’une manière inattendue : les toits en chaume de leurs maisons ont connus des ravages dus à des espèces autochtones de chenilles, dont la population a augmenté en masse après la mort de l’un de leur principal prédateur sur l’île : les lézards.
Un second effet imprévu, cette fois-ci bien plus grave, s’est par la suite manifesté : une épidémie de peste. Car le principal prédateur des lézards étaient les chats, morts en masse après l’ingestion de petits animaux et insectes eux-mêmes infectés par le DTT. La population de rats de l’île a alors rapidement augmentée, apportant avec elle la maladie.
La solution choisie conte l’épidémie de peste
Face à cette crise écologique et sanitaire, l’OMS a pris une décision pour le moins insolite : parachuter des chats dans l’île pour rétablir l’équilibre naturel. Cette opération, aussi spectaculaire qu’inhabituelle, a réussi à contrôler la population de rats, mettant fin à la chaîne d’événements catastrophiques déclenchée par la pulvérisation initiale de DDT.
La leçon à retenir : l’importance de l’analyse systémique
En résumé, le problème de santé publique à Bornéo a démontré qu’une intervention bien intentionnée pour éradiquer une maladie pouvait, sans une compréhension approfondie de l’écosystème dans lequel elle est mise en œuvre, conduire à de nouveaux problèmes, parfois plus graves que le problème initial. Cet épisode historique souligne l’importance cruciale d’une analyse systémique qui prend en compte non seulement l’objectif immédiat, mais aussi les interactions complexes et les conséquences à long terme au sein de l’écosystème global.
Cette histoire illustre parfaitement les dangers d’une approche linéaire qui ne prend pas en compte l’ensemble des interactions au sein d’un système (d’où le nom d’approche systémique).
L’application de cette histoire en matière de sécurité
En matière de sécurité des SI, une approche linéaire de la résolution de problèmes ou de la sécurisation peut conduire à des vulnérabilités inattendues et à des risques accrus.
À l’inverse, une analyse systémique – qui examine les relations entre toutes les parties d’un (eco)système – permet d’identifier les effets secondaires potentiels des mesures envisagées et d’adopter des solutions plus durables.
L’histoire des chats parachutés de Bornéo offre une métaphore intéressante pour l’importance de l’analyse systémique dans la sécurité des données : comme dans la gestion de l’environnement, les décisions prises sans une compréhension complète du système peuvent avoir des conséquences inattendues et graves. En adoptant une vision globale, il est possible d’identifier des solutions plus efficaces et plus adaptées.
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